Les nouveaux vilains

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Un grand merci à Eddy pour l’inspiration, les idées et le coup de main !

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Merci pour cette super bédé qui fait du bien en cette période de gros zbeul (je connaissais pas l'expression, j'adore !). <3 PS: si jamais vos oreilles s'ennuient pendant le confinement, je vous conseille (mais pas vivement du tout) l’écoute de ce podcast ( https://gimletmedia.com/shows/reply-all/76h59o en anglais malheureusement ) sur comment une canadienne queer a -malgré elle- créé le mouvement des incels, en plus vous pouvez l'écouter en rangeant votre appartement.

marc

Ces analyses rejoignent un peu (par l'autre côté : celui des méchants) la raison pour laquelle j'ai beaucoup de mal avec les super-héros "volontaires". Je veux dire : il y a deux types de super-héros. D'un côté, il y a celleux qui se découvrent un super-pouvoir et qui doivent apprendre à le gérer, apprendre à en faire quelque chose de positif. C'est malheureusement devenu l'objet d'ironie pour cause de prétendue banalité, mais la phrase du père adoptif de Spiderman est très pertinente et résume exactement l'enjeu de ces super-héros : "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités". C'est une forme de "pouvoir" qui nous est en réalité peu familière, alors qu'elle est au cœur de certaines cultures (chez les Amérindiens Navajos, lorsqu'il fallait se battre pour choisir un nouveau chef, c'est le perdant qui héritait de cette fonction : elle était vue comme une responsabilité et une charge, et pas du tout comme un prestige). Pour ces super-héros, le pouvoir n'est pas voulu, il est une charge, une responsabilité à apprendre à assumer. J'ai une grande tendresse pour cette catégorie, car en général ils rejettent notre vision habituelle du pouvoir (autorité, prestige) et agissent par esprit de responsabilité. Par la nature-même de leur pouvoir, ils ne cessent de douter, et veulent parfois s'en débarrasser. D'un autre côté, il y a les "justiciers", c'est-à-dire des gens a priori ordinaires (bon, en général milliardaires, quand même, hein) qui veulent assurer l'ordre et la sécurité, et qui décident de prendre autoritairement (via des techniques de pointe et des équipements spéciaux) un pouvoir que personne ne leur a confié : celui d'assurer ce rôle de "police" selon Jacques Rancière. Ces super-héros là me posent d'énormes problèmes. D'abord parce qu'ils expriment une vision extrêmement malsaine du pouvoir, celle où il est conquis et revendiqué. Ensuite parce qu'ils visent explicitement et consubstantiellement à assurer l'ordre : leur obsession de l'ordre est forcement le point de départ de leur démarche (alors qu'elle n'est qu'une conséquence pour les super-héros à pouvoir magique involontaire). Enfin, parce qu'ils assurent l'ordre selon LEURS règles, dans une démarche qui rejette par principe toute régulation collective. Des super-flics autoproclamés et narcissiques. Alors OK, certains auteurs de comics et certains cinéastes ont réussi à donner une épaisseur "acceptable" à certains de ces super-flics, en les dotant d'idéaux et de vulnérabilité. Mais ils n'en demeurent pas moins des policiers, pas des politiques. Alors que les super-héros "subissant un pouvoir qu'ils n'ont pas cherché à avoir", même lorsqu'ils se mettent au service de l'ordre, le font en se posant des questions, en rechignant, en questionnant forcément politiquement cet ordre qu'ils se voient contraints à protéger.

Jacques C